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Le blog de Tom-Tom-Go59

Le blog de Tom-Tom-Go59

Si je peux faire partager, ne serait-ce qu'un peu....


Souvenirs de 51h30 de plaisir !

Publié par Tom-Tom-Go59 sur 4 Novembre 2009, 17:41pm

Difficile de résumer cette course. Cela fait maintenant 10 jours qu'elle s'est terminée. Avec un peu de recul, je vais tenter de retranscrire au mieux. Mais la longueur et la beauté, sont difficiles à rendre compte! N'attendez pas que je vous parle uniquement de souffrance, il n'y en a pas vraiment eu. Désolé et Bonne lecture !


Saint Philippe - Cap Méchant / Le Volcan-Plaine des Sables
Il est 23h15 quand, après une bonne heure de bouchon, nous arrivons au stade. Il pleut !

Le départ est tout proche. Tant mieux, ça ne me laisse pas le temps de gamberger!

Heureux d'être là, j'ai du mal à réaliser ...ce moment que j'attendais depuis bien longtemps. Cela fait des années que je regarde les images et reportages sur la diagonale des fous (appelée également Grand Raid de la Réunion) en me disant que c'était un truc de Ouf et qu'un jour peut être je serai moi aussi au départ.

Le sac assistance est donné, un dernier café, il est 00h00 quand le coup de pistolet donne le départ et troue le nuage au dessus de nos têtes. C'est donc sous des trombes d'eau que nous prenons part à cette 17èmè édition de la Diagonale des Fous. En moins de 2 minutes, nous sommes trempés jusqu'au slip. Ouch !

Le départ est prudent. Petite trotte, mais dès les premières pentes, c'est marche. L'eau tombe tellement fort dans le chemin, à travers les champs de cannes à sucre, que nous ne voyons plus nos pieds ! Heureusement, une heure après, l'intempérie semble se calmer.

La montée vers le volcan, se fait tranquillement, car des bouchons se forment. Faut dire que la boue et les énormes marches n'aident personne.

Il est 5h30, le jour se lève, et le soleil fait son apparition. Cool, il va me sécher. Cela fait déjà un moment que je ne vois plus Tigui. Il est devant. « -Chacun sa route, chacun son chemin ».

La progression est difficile, les pentes abruptes. Mes pas ne sont pas très stables dans ce sentier. Je croise déjà des coureurs arrêtés sur le sentier, dans leur couverture de survie, grelottant de froid.


Fin de montée et Bim...une claque! Se dresse devant moi, le Volcan, Piton de la Fournaise!!! La vache, qu'est ce que c'est beau, c'est grand, c'est fou. Je retrouve Diana, Thomas et Lily. Bivouac sur le volcan, ils m'accompagnent jusqu'au premier pointage, ça fait plaisir !

Je me sens bien, j'ai la patate, je marche beaucoup, « qui veut voyager loin, ménage sa monture» sera mon seul mot d'ordre de la course.

Le Volcan-Plaine des Sables / Mare à Boue

Passage de la plaine de sable : lunaire et chaud. Oratoire sainte Thérèse : magnifique et chaud ! Je découvre l'expression « suer des coudes ». La longue file de randonneur traverse cet endroit magique, devant nous se dresse l’Oratoire.

Tigui est devant et il le restera. Je m'apprête donc à faire la course seul. Cela ne pose aucun problème !

La descente, étant ma faiblesse, s'est faite très tranquillement. Je dois absolument ménager mes cuisses. Il est 12h00, j'ai toujours la frite. Je suis séché par le soleil, mais le brouillard fait son apparition. Les chemins sont plutôt tranquilles et souples.

Un bon ravito sur le temps de midi, à Mare à boue. La course passe relativement vite aux grès des rencontres. C'est cool !

Mare à Boue / gîte du Piton des Neiges

Par contre la montée vers le gite du Piton des neiges est beaucoup moins drôle. Le départ est plutôt doux mais il pleut, il y a du brouillard, il ne fait pas chaud !!! SUPER !!! Nous ne sommes pas épargnés. Ne manque plus que la neige.

Dans ces endroits, nous empruntons les fameuses échelles. Celles que nous voyons dans tous les magasines spécialisés. Il faut être vigilant, mais là, oui, je suis dans le grand raid !

Piton des Neiges / Cilaos

Descente vers Cilaos par Le Bloc. Cela fait maintenant plus de 16h que je suis en route. Et les guiboles vont aussi bien que le moral. La descente est longue, très longue. Je dois absolument me préserver sous peine de souffrir. C'est glissant, et très piégeur, … mais le chemin est tellement étroit qu'il est difficile de doubler. De ce fait une nana à bout de force, bloque le passage et ralentit la descente du groupe d'une cinquantaine de personnes dans lequel je suis. L'arrivée sur Cilaos se fait sous la pluie et dans le noir. Il est 18h45, ffff, je commence à être fatigué mais la tête va bien.

Cilaos

Grosse pause de 4 heures prévue dans mon planning. Pendant cette grosse halte, c'est podologue (pour soigner deux minuscules cloques au talon que je ne veux pas voir grossir), repas, et changement de fringues. Je récupère mon sac. Il est humide !!!! Ben oui, l'organisation ne prévoit pas de les mettre à l'abri. La petite dame qui les garde me prie de ne pas me plaindre, car ils ne sont pas sous la pluie!!!!

SMS de Tigui, il est encore là. Il me rejoint et il revoit sa stratégie. Le reste se fera à deux.

Il me reste 2h30 pour dormir. Je m'installe dans le lit picot que Tigui m'a gardé. Mais pas moyen de fermer l'œil. Entre les gens qui prennent les tentes pour un vestiaire, les jeunes et leurs sonos, et tout le reste, impossible de dormir. Ce sera ma seconde nuit blanche. Il est 23h00, changé et «reposé» il est temps de repartir!

Cilaos / Pied du Taïbit / Marla

Il est 23h00, il fait bon et nous repartons d'un bon pied pour cette seconde partie. Le moral est là, le corps marche bien. Fatigué mais pas de bobo. Règle d'or sur cette deuxième section: L'économie!

A l'attaque du col du Taïbit , un riz/lentilles salutaire viendra nous redonner un coup de pouce.

La montée et descente se fera d'un bon pas en 2h30. Mais je ne sais pas ce qui se passe, je commence à avoir très mal aux chevilles (les tendons au dessus de chaque malléole)?!? Douleur que je n'avais pas avant la pause!? Je commence à marcher de travers, je souligne à Tigui que si il ne fait pas de Miracle, à Marla, j'arrête. C'est trop douloureux!! Je suis fatigué mais un éclair de lucidité vient me poser la question des guêtres. Ce sont elles qui causent mes douleurs? Elles sont fort serrées et viennent en pression sur mes tendons, causant une inflammation des gaines. Je les enlève, et les douleurs disparaissent presque instantanément!!!! C'est fou comme un détail peut tout vous ruiner. Je suis obligé d'enlever les manchons de compression et de coller mes chaussettes aux chaussures pour éviter toute pression sur mes chevilles. Mais je n'ai plus mal, ouuuuuuuuuuuuffff!

Marla / Trois roches

Nous sommes dans le Cirque de Mafate, où le soleil fait apparaître un environnement et une nature extraordinaire. A partir d'ici, plus question de faire demi-tour. Aucune route pour être rapatrié, donc c'est maintenant Deux-Bras ou rien!

Je connais dans la matinée, mon moment le plus difficile. J'en suis à ma deuxième nuit blanche, et à plus de 30 heures d'effort et même si le spectacle du soleil levant est magnifique, je m'endors en marchant. J'ai même oublié certains passages, avançant comme un robot, cerveau déconnecté. Ça n'a pas duré longtemps, mais ça fait bizarre. Tigui n'est pas mieux que moi. Mon salut viendra d'une rencontre. En effet, Charlotte, ancienne collègue de mon travail (installée à la Réunion depuis septembre) me reconnaît en plein cirque!!!! c'est dingue, non! Nous discutons, et elle nous propose un café. Il sera un remontant super !




Trois-Roches / Deux-Bras

11 heures, c'est le temps qu'il nous faudra pour sortir de Mafate. Les chemins sont redoutables. Ça monte, ça descend, les chemins sont cassants; des pierres, des pierres, et des pierres... Des rondes, des coupantes, des grosses, des petites, nous ne sommes jamais tranquilles. Heureusement, il fait beau. Nous « suons des coudes » dans toutes les montées. Sur les bords des chemins, nous croisons de plus en plus de zombies. Des fracassés, qui physiquement ou moralement sont très atteints. Tigui et moi sommes toujours sur le même rythme, marchons d'un bon pas vers notre but. La montée de la Roche Encrée est terrible mais restera dans nos mémoires. 500mD+ pour 1,5km, soit 33% de pente, sous 40°!! Nous avalons cette pente avec une réelle facilité, ramassant et doublant des concurrents du top 20 du semi-raid. Quel plaisir de se voir aussi bien dans de pareilles difficultés.

La descente de Aurère est interminable. Malgré cela, nous avons bonne tête. Sur la descente, nous sommes rejoints par Diana, Thomas et Lily. Cette fois ci, ils sont descendus pour nous, de Dos d'Âne. Ils sont surpris de nous voir en si « bon état ». Aux vus des « zombies » passés avant nous, ils craignaient de nous voir en sale état.

Avec Tigui, nous réfléchissons. Dormir ou pas? Je crains la dernière descente dans la nuit après tant d'effort. J'ai peur de tomber, de me faire mal à cause de la fatigue et de tout gâcher. Malgré tout, nous décidons de ne pas rester trop longtemps et de finir ce périple le plus «rapidement» possible.

Après un massage de Lily, nous repartons pour la dernière grosse montée du raid, celle vers Dos d'Âne.


Deux-Bras / Saint Denis

Accompagnés de nos 3 acolytes, nous grimpons encore d'un très bon pas; Thomas en est même surpris; C'est moi qui donne le rythme. J'ai des ailes, car l'impression que l'arrivée est toute proche. Mais il reste 9 heures de course et Tigui est là pour me le rappeler.

Après le stade de dos d'Ane, la crête est interminable. La dernière difficulté qu'est Piton Bâtard me rend fou. J'ai l'impression d'être dans une boucle sans fin. Un chemin étroit qui ne s'arrête jamais, mon cerveau ne suit plus; A tel point que je cours dans la première descente venue, histoire de sortir de ce cercle infernal que je me suis construit mentalement. Mais le genou gauche ma rappelle que je ne suis qu'un gars du Nord; Je finirai donc la course avec cette douleur.

Descendre, descendre et descendre... c'est mon obsession. Ma réalité aussi. Fatigué, je sens l'énervement et cette envie d'exploser monter. Nous retrouvons une dernière fois nos 3 compères, à Colorado. J'en ai ma claque! Mon cerveau ne comprend pas qu'il y a encore tant à faire.

Je décide de ne pas rester trop longtemps. Tigui prendra plus de temps. Il me rejoindra dans la descente. Des racines, des cailloux, des arbres, des branches, et encore des racines, des cailloux, ... tout ce que je craignais est bien là. Une petite gamelle par ci, une par là, mais rien ne m'empêchera maintenant de terminer. Saint-Denis me nargue de ses lumières, mais elles ne grossissent pas bien vite . Les premiers bruits de la ville se font entendre, je m'approche. Terrible sensation que celle d'une impatience incontrôlable mais le désarroi d'une seule solution possible; avancer, avancer et avancer, descendre, descendre et descendre....

Il est 3h00 quand je distingue vraiment le stade et les gens dedans !!! Nous y sommes? Mes compagnons de fortunes, tous plus excités les uns que les autres, coupent à travers tout, ce qui ne me facilite rien !

A 3h25, notre calvaire s'achève. Il ne reste plus que le petit bout de route pour joindre le stade. Le temps de changer de maillot (comme le demande inutilement le règlement,) nous faisons un dernier effort pour terminer avant 3h30, mais le comptage se fera l'instant plus tard. Qu'importe, après 51h30 avec Tigui nous finissons cette aventure, main dans la main et dans un étrange et bon état. Fatigués, évidement, mais pas fracassés. Les jambes sont définitivement lourdes, mais pas de grosses douleurs, pas de pieds saccagés, de tendinites ou quelconques entorses.... Il me faudra plusieurs minutes pour réaliser que c'est terminé, que plus rien ne m'oblige à avancer, plus cette petite voix qui te tanne pour continuer et marcher !!

Le petit Monsieur me remet le fameux T-Shirt et la médaille. Le cerveau plein d'émotions... J'AI SURVECU !!!!



La semaine qui suivra sera consacrée au tourisme. Pas question de faire de randonnée. Je n'ai pas le corps abimé mais je sens une grosse fatigue bien profonde. Plusieurs siestes seront donc nécessaires, sur les plages à l'abri des palmiers!


En conclusion, je conseille à tout le monde de faire cette coure. C'est effectivement une expérience formidable.

Si j'avais un conseil a donner, ce serait celui de profiter à mort de ce genre d'aventure, sans se mettre de pression inutile. Je pense très sincèrement qu'il vaut mieux arriver sous entrainer à un Ultra-trail (voir pas du tout dans mon cas!) mais sans stress, plutôt que « sur-motivé » et pas à l'abri du moindre pépin et contrariétés. Sans objectif précis, j'y suis allé le cœur léger (mais concentré), avec juste l'envie de me faire plaisir. Avec cette envie et l'amour de mes proches, je savais que c'était possible.

La diagonale des Fous, est un long chemin sur soi même, c'est donc cette direction que j'ai décidé de suivre.


Je remercie toutes les personnes qui m’ont soutenu de près ou de loin dans cette belle aventure. Un merci plus particulier à Ma Chérie. Merci à Tigui de m'avoir accompagné dans cette aventure. Merci à Diana, Thomas et Lily pour son massage remotivant. Merci à ma famille, mes amis, les copains du club et tous les bénévoles sur l’ensemble du parcours pour leur gentillesse et dynamisme.

 

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H
<br /> Bravo !! Super récit et belle philosophie.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Merci pour vos commentaires !!!!<br /> Si je peux faire partager....<br /> <br /> <br />
E
<br /> Bravo à toi. Excellent, bonne récup ! Belle philosophie, le faire sans pression pour se faire plaisir. sportivement<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Bravo Tom, et merci de nous faire partager cette belle expérience sportive et humaine!<br /> L'épisode des guêtres montre à quel point un détail insignifiant peut pourir la vie dans la durée et l'effort...<br /> <br /> Encore chapeau!<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Tout a fait d'accord !! Merci pour le voyage et les sensations. et j'en profite : une bise à Mesdames Bartos.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> super l'article, tu donnes envie !! Encore bravo !! C'est quoi le prochain ?? !!<br /> Bisous<br /> <br /> <br />
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